Gris, vide, cris, extraits d’un vers d’Alberto Giacometti, réunissent dans cette exposition deux artistes que l’espace, le temps et la forme même de leurs sculptures séparent. On serait donc en droit de s’interroger sur le sens et la nature de cette association puisque dans les faits les deux artistes ne se sont pas croisés. Rui Chafes est né en 1966, l’année de la mort d’Alberto Giacometti et aucun élément biographique ou historique ne penche en faveur d’un dialogue. Dès sa genèse, cette exposition s’est donc voulue une rencontre.

Comment atteindre, à partir de la matière, le point où confluent immatérialité et transcendance ? Comment  représenter l’invisible ? Alberto Giacometti (Stampa, 1901- Coire, 1966) et Rui Chafes (Lisbonne, 1966) prennent des chemins autonomes de recherche pour y parvenir : Giacometti dans un labeur de dématérialisation exaspérée, Rui Chafes en défiant le fer jusqu’aux limites de l’impondérabilité. La tension provoquée par les œuvres des deux sculpteurs se tisse sur le fil d’une lame, entre ascension et chute. Sans dévier par rapport à la nature de sa recherche personnelle, Rui Chafes permet une approche unique de l’œuvre de Giacometti, une expérience sensible où silence et solitude s’imposent.