Graça Morais est une artiste aux multiples facettes dont l’oeuvre marque de son empreinte l’histoire de l’art au Portugal de ces dernières décennies.

Nées en 1948 à Vieira, un village de la municipalité de Vila Flor, dans la région de Trás-os-Montes, les valeurs sociales et universelles qu’elle y a trouvées sont le socle de sa pensée et de son action. En cette contrée lointaine, au nord du Portugal, qui subit la rudesse du climat et la cruauté de l’isolement, de l’abandon et de la pauvreté, Graça Morais a puisé une iconographique sans pareille pour exprimer sa représentation du monde, à laquelle elle est restée fidèle.

Elle a accompli un travail dans lequel son enfance, les lieux où elle a grandi et leurs traditions, ainsi que les êtres qui lui sont chers sont toujours demeurées présents, notamment les femmes qui, dans leur position de faiblesse et de force, occupent une place singulière. Pour autant, son oeuvre n’est pas « locale », ni l’expression ethnographique d’un lieu : ouverte sur le monde et sur la condition humaine, elle témoigne d’un humanisme qui lui est propre, universel, religieux et païen à la fois. Cet état d’émerveillement qui l’habite la rend toujours plus captivante.

Sa remarquable relation avec la littérature et, plus particulièrement avec certains des plus importants auteurs littéraires portugais du XXi siècle (Miguel Torga et Nuno Júdice auxquels il faut ajouter une pléiade de poètes et d’écrivains tels que José Saramago, Vasco Graça Moura, Agustina Bessa-Luís, Maria Velho da Costa, Pedro Tamen, Sophia de Mello Breyner, Manuel António Pina) fait également de l’entreprise de Graça Morais un exemple singulier de fertilisation croisée entre les deux arts.