Shéhérazade la nuit
|
Palais de Tokyo
|
Avec Minia Biabiany, Miguel Gomes, Ho Tzu Nyen, Pedro Neves Marques, Lieko Shiga et Ana Vaz
Commissaire : Yoann Gourmel, assistante d’exposition Fanny Trussart.
Shéhérazade la nuit, est une exposition collaborative de 6 artistes, envisagée comme des outils critiques d’émancipation face aux systèmes d’oppression et d’exploitation qui constituent aujourd’hui encore la matrice de nos façons d’agir et de penser.
Tissant des récits comme des paniers, les artistes éprouvent le potentiel de transformation du réel par la fiction et nous invitent à nous doter d’un nouvel imaginaire du pouvoir qui assure une meilleure capacité d’action sur nos formes sociales actuelles.
Si, comme le déclarait un mage français en 1966, « les récits du monde sont innombrables », à l’heure des mensonges d’état et des faits alternatifs, de la post-vérité et du storytelling management, l’exposition tente de manière narrative et imaginée d’opérer une rupture agissante avec la domination.
En optant pour la figure de Shéhérazade, cette combattante volontaire aux mille et une ruses rhétoriques et littéraires, il y a cette idée de faire traverser cette figure mythique à travers les territoires et les époques, que l’on pourrait nommer la fonction Shéhérazade : celle qui oppose au scénario destructeur d’un roi prédateur, meurtrier et autoritaire un ensemble de récits, qui vont inverser le cours de l’histoire.
Considérant l’histoire comme un chantier en construction, incessamment saccagé et réinventé, « Shéhérazade la nuit » oppose dans une dimension politique les puissances de la fiction aux fictions du pouvoir. Ce recours à la fiction, au mythe, à la fabulation n’est pas ici à considérer comme une fuite ou une échappatoire mais comme un moyen de fragiliser et tout à la fois d’innerver le réel, comme un mode de fabrication et de transformation des êtres et des mondes.
Face à la toute-puissance de la pensée rationnelle et des systèmes épistémologiques hérités de la modernité occidentale, les œuvres présentées dans l’exposition nous incitent à prendre en compte une pluralité de perspectives. Elles témoignent en même temps qu’elles inventent une réalité au sein de laquelle faits historiques, temps du mythe, analyse politique, animisme et merveilleux s’entremêlent sans hiérarchie, pour accueillir différents modes de transmission et de création de connaissances.
Elle s’articule en un ensemble d’expositions monographiques qui se répondent et composent autant de chapitres poreux entre différents contextes géopolitiques : de l’Europe au Brésil, des Caraïbes au Japon et à l’Asie du Sud-Est. Elle s’accompagne par ailleurs d’une programmation culturelle, d’un cycle de projections et d’un numéro du magazine PALAIS #34 offrant un ancrage théorique et des perspectives littéraires à l’expérience sensible des œuvres.
Cette exposition au Palais de Tokyo a bénéficié du soutien de la Fondation Calouste Gulbenkian – Délégation en France dans le cadre de la 3e édition de l’appel à projets Expositions GULBENKIAN qui vise à soutenir l’art portugais au sein des institutions artistiques françaises.
Informations pratiques
Palais de Tokyo
13 Av. du Président Wilson
75116 Paris
Horaires
Tous les jours sauf le mardi, de 12h à 21h
Fermeture annuelle le 1er janvier, le 1er mai et le 25 décembre
Fermeture exceptionnelle à 18h les 24 et 31 décembre