Festival de l’incertitude
4 octobre – 18 décembre 2016
Un projet de la Délégation en France de la Fondation Calouste Gulbenkian, avec le commissariat de Paulo Pires do Vale
Expositions, ateliers ouverts, conférences, films, lieux de rencontre : un ensemble d’évènements organisés pour mener une réflexion sur l’importance de l’incertitude, sur l’inconnu et sur le rôle de l’utopie dans notre culture, à l’occasion des 500 ans de l’impression du livre fondateur de Thomas More.
Extrait du texte Imagination et autruité de Paulo Pires do Vale
Parce que l’incertitude et le vide nous font peur, les institutions cherchent à rassurer les consciences et à promouvoir une stabilité (illusoire). Elles privilégient la sécurité, les certitudes qu’assure l’autorité et la constitution d’identités (en apparence) fortes. C’est pourquoi les institutions constituent, dans les termes de Michel de Certeau, des «sociétés d’assurance qui protègent contre la question de l’autre, contre la folie du “rien”»[1].
Certitude et sécurité sont ainsi associées à la répétition du déjà-connu, à l’habitude, à la tradition dont nous héritons, si souvent tenue pour intouchable – et sont une façon de neutraliser la différence, l’autre, la proposition qui vient remettre en cause l’état de choses présent.
Dans le cadre de ce Festival, au contraire, nous célébrons l’incertitude comme étant l’espace spacieux des possibles, dans une fête de rencontre de la communauté, créant d’une certaine manière cette même communauté. Nous voulons faire l’éloge de la plasticité (signe de vie) et non celui de la rigidité (reflet de la mort). Reconnaître la différence comme essentielle pour la constitution de quelque identité que ce soit mais sans vouloir l’y subsumer. Nous souhaitons souligner l’importance de ce que Nietzsche a appelé la Force plastique[2]: cette force active qui permet à une personne de se développer de manière originale et indépendante, de «faire soi» et d’assimiler le passé et les influences qu’elle a reçues, de guérir ses blessures, de réparer ses pertes, d’affronter l’incertain. Le pouvoir fragile de la métamorphose.
Pour appréhender l’incertitude, nous nous focalisons sur deux concepts: l’intranquillité et l’utopie – qui donneront lieu à des moments d’expositions et de conférences différents, mais aussi à des rapprochements et à des croisements. Après tout, aussi bien l’une que l’autre renvoient à l’idée du nécessaire déséquilibre introduit dans un système: une inadaptation qui perturbe et subvertit l’ordre établi. Après avoir fait l’expérience de ce déséquilibre, on ne peut plus, de manière sereine, revenir à l’ordre ancien. Commence alors une forme d’autruité.
[1] Michel de Certeau, Histoire et psychanalyse entre science et fiction. Paris, Gallimard, 1987, p. 146
[2] F. Nietzsche, « De l’utilité et des inconvénients de l’histoire pour la vie » in Œuvres Philosophiques complètes II. Considérations inactuelles I et II. (sous la dir. de G. Colli et M. Montinari). Paris, Gallimard, 1990, p. 97
Exposition
1. De l’intranquillité
4 octobre – 6 novembre
Bibliothèque particulière de Fernando Pessoa
Pierre Leguillon, d’après la bibliothèque de Fernando Pessoa
Oeuvres de Fernando Calhau, Dora Garcia et João Onofre
En partenariat avec la Casa Fernando Pessoa, Lisbonne.
2. Du possible
17 novembre – 18 décembre
Bibliothèque particulière de Fernando Pessoa
Oeuvres de Lara Almarcegui, Joseph Beuys, Robert Bresson, Constant, Dora Garcia, Douglas Gordon, Totoya Hokkei, Bas Jan Ader, Corita Kent, Pierre Leguillon, Thomas More, Nuno Sousa Vieira.
Conférences du Festival
Retrouvez et réécoutez les conférences du Festival de l'incertitude: entre autres Richard Zenith, Claire Nancy, Franck Leibovici, Federico Nicolao, Tim Ingold, Cédric Villani et Alain Touraine.
Projections de films
Découvrez la programmation de films, projetés à la Cité internationale de Paris