Sculptures infinies
Sculptures Infinies est le fruit d’une collaboration entre les BeauxArts de Paris et le Calouste Gulbenkian Museum de Lisbonne, en partenariat avec la gypsothèque du Louvre à Versailles, les ateliers d’Art, Moulage & Chalcographie de la Réunion des musées nationaux – Grand Palais et la Faculdade de Belas Artes à Lisbonne.
Depuis une dizaine d’années, la technique du moulage a trouvé une nouvelle actualité. Elle appartient depuis longtemps déjà au monde industriel, mais elle s’est développée à la faveur de procédés numériques d’enregistrement et de duplication des modèles. Des moulages de toutes sortes prolifèrent dans nos vies quotidiennes et cette présence familière trouve son écho dans les productions des artistes. Ils incarnent à bien des égards une qualité essentielle de la sculpture : le fait qu’elle soit plus souvent sérielle qu’unique. Le moulage est le moyen par lequel cette pluralité advient.
Le commissariat est assuré par Penelope Curtis (directrice du Calouste Gulbenkian Museum), Rita Fabiana (curatrice au Calouste Gulbenkian Museum), Thierry Leviez (responsable des expositions aux Beaux-Arts de Paris) et Armelle Pradalier (responsable des publics aux Beaux-Arts de Paris).
Michael Dean, Jumana Manna, Charlotte Moth, Jean-Luc Moulène ou Francisco Tropa sont quelques-uns des artistes inspirés des effets de réplication, de variation, de transformation ou de changement d’échelle propres au moulage. Leurs œuvres ont été réunies autour des collections historiques de moulages constituées au 19e siècle par les Beaux-Arts de Paris et la Faculdade de Belas Artes de Lisbonne. Les deux groupes se mêlent dans un jeu de répétitions infinies qui voit passer les modèles classiques des figures antiques aux sculptures contemporaines.
SCULPTURES INFINIES
Des collections de moulages à l’ère digitale
Aujourd’hui encore, les écoles d’art sont remplies de moulages en plâtre et les étudiants continuent à utiliser le moulage comme méthode ordinaire de production. Des moulages de toutes sortes prolifèrent dans nos vies quotidiennes et les artistes ne cessent d’inventer de nouvelles manières de reproduire et dupliquer.
L’exposition prend pour point de départ le décor de l’école d’art – non hiérarchique, voire chaotique – et celui de la réserve – organisé en typologies et tailles d’objets, indépendamment de la chronologie de l’histoire de l’art – pour offrir une vision en coupe de notre monde tridimensionnel. Des collections historiques de plâtres ont été rapprochées des travaux de seize artistes contemporains pour mettre en lumière la fascination qu’exerce cette technique, la manière dont elle ouvre des perspectives nouvelles, transforme les échelles, fait apparaître l’envers des formes, réplique le vivant et enregistre la mort, avec une fidélité sans égale et la possibilité de répétitions infinies.
L’exposition réunit quelques-unes des œuvres clés de la gypsothèque du Louvre à Versailles, des ateliers d’Art, Moulage & Chalcographie de la Réunion des musées nationaux- Grand Palais ainsi que des collections des Beaux-Arts de Paris. Mais elle inclut également ces fragments et ces pièces aux formes inattendues qui ont attiré l’attention des artistes.
LES ARTISTES CONTEMPORAINS
Parmi les artistes représentés, certains sont bien connus en France comme Jean-Luc Moulène ou Xavier Veilhan, deux artistes qui utilisent autant les techniques traditionnelles de prise d’empreinte que les outils numériques. Charlotte Moth a mis en scène une sélection de moulages empruntés à la ville de Paris. Marion Verboom revient sur l’histoire de l’ornement en architecture. Asta Gröting et Simon Fujiwara dialoguent aussi avec l’histoire de l’architecture, pour évoquer respectivement les violences de la Seconde Guerre Mondiale telles qu’elles apparaissent encore sur les façades des immeubles berlinois ou les innovations des ingénieurs qui ont bâti le Centre Pompidou. Francisco Tropa et Christine Borland ont tous deux moulé le creux de différentes sculptures pour en dévoiler l’envers. Daphne Wright et Michael Dean ont trouvé leurs modèles dans leur entourage proche et Heimo Zobernig nous présente un autoportrait sous la forme d’un tirage en bronze non débarassé de ses évents et cheminées. Pour David Bestué c’est le matériau même de l’œuvre moulée qui lui donne son caractère allégorique. Jumana Manna se sert du moulage pour étudier les usages politiques de l’archéologie. Steven Claydon, Aleksandra Domanovic et Oliver Laric déplacent les canons de la sculpture antique dans le monde numérique contemporain.
Liste des artistes contemporains présentés :
David Bestué
Christine Borland
Steven Claydon
Michael Dean
Aleksandra Domanovic
Simon Fujiwara
Asta Gröting
Oliver Laric
Jumana Manna
Charlotte Moth
Jean-Luc Moulène
Francisco Tropa
Xavier Veilhan
Marion Verboom
Daphne Wright
Heimo Zobernig
L’exposition est accompagnée de l’édition d’un catalogue en anglais et en français.
Préface et introduction par Penelope Curtis
Essai sur l’histoire du moulage par Eckart Marchand
Essais sur les collections par Alice Thomine-Berrada avec Emmanuel Schwartz et Elisabeth Lebreton (Paris) et par Eduardo Duarte et Victor Dos Reis (Lisbonne)
Essais sur les artistes par les commissaires
Photographies de Carlos Azevedo