Maurizio Ferraris
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Salle de conférences 39 Boulevard de la Tour Maubourg, ParisLa technique n’est pas l’aliénation d’une humanité par ailleurs parfaite. Elle est la révélation d’une humanité hautement imparfaite, d’un singe non seulement nu, mais aussi imbécile au sens étymologique : in-baculum, dépourvu de bâton, et qui a nécessairement besoin d’un prolongement de la main, d’un supplément technique, et en ce sens le bâton absolu de nos jours s’appelle « smartphone ». Ce bâton agit de plusieurs façons, et d’abord par responsabilisation : tu as reçu mon message, je sais que tu l’as reçu (surtout si tu utilises whatsapp), tout est enregistré, il faut que tu me réponds, autrement c’est comme si tu détournais ton regard du visage de l’autre. Est-ce la faute du web ? Non. Le web n’a jamais fait des promesses, ce sont les humains qui se sont fait des illusions. Et on ne badine pas avec le web, autant qu’on ne badine pas avec le feu ou avec les automobiles. Seulement, avec le feu et avec les automobiles on a plus d’expérience, on a créé les pompiers et le code automobile. Rien de cela, ou très peu pour le web, à présent. Et c’est bien ce qu’il faudrait créer avec urgence : une raison pratique pour le web.
Maurizio Ferraris est professeur de Philosophie à l’université de Turin, où il dirige le Laboratoire d’Ontologie. Il est par ailleurs membre associé du Collège d’études mondiales/Fondation Maison des sciences de l’homme et chroniqueur dans la presse italienne, notamment dans le quotidien La Repubblica.
En partenariat avec le Collège d’études mondiales – Fondation Maison des sciences de l’homme