Celso Furtado : un exil académique

par Rosa Freire d’Aguiar (en visio), Afrânio Garcia et Glauber Sezerino

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La troisième session du cycle de conférences Parcours d’intellectuels en exil : un humanisme sans frontières, porté par Álvaro Vasconcelos, a été organisée par la Fondation Calouste Gulbenkian – délégation en France par la Fondation Maison des Sciences de l’Homme (FMSH).

Álvaro de Vasconcelos a inauguré la session intitulée : Celso Furtado : un exil académique en rappelant le sens de ce cycle de conférences et l’importance qu’a eue la France dans l’accueil des Brésiliennes et Brésiliens immigrés en France à la suite du coup d’État de 1964 dont Celso Furtado est un exemple.

Rosa Freire d’Aguiar, journaliste et grande traductrice d’ouvrages français, espagnols et italiens vers le portugais du Brésil est aussi une spécialiste de l’œuvre de Celso Furtado. Elle a commencé son intervention Celso Furtado : un exil académique en retraçant le parcours de l’intellectuel brésilien mais aussi son passé d’homme politique au Brésil et plus généralement en Amérique latine. Rosa Freire d’Aguiar a mentionné les difficultés des premiers temps à la suite du coup d’État, notamment les pressions brésiliennes sur les universités états-uniennes pour ne pas prolonger ses contrats. La France, où il avait rédigé son doctorat, l’a donc accueilli et ses réseaux lui ont permis d’obtenir un poste de professeur associé à l’université de Paris, dans l’actuel site du Panthéon-Sorbonne. Rosa Freire d’Aguiar a insisté sur la récurrence du sujet du Brésil dans la correspondance de Celso Furtado en dépit des difficultés rencontrées pour voyager. Au-delà des épreuves de l’exil, les vingt années passées en France ont été fécondes : plusieurs ouvrages ont été publiés ; il a dirigé des thèses et donné des cours à des personnalités politiques de plusieurs continents ; il a été en contact avec de grands intellectuels comme Fernand Braudel. Par ailleurs, ce dernier, avec Maurice Aymard, ont contribué à l’ouverture internationale de la Maison des Sciences de l’Homme et en ont fait un refuge pour les Brésiliens.

À la suite de cette intervention, Afrânio Garcia a pris la parole. Professeur à l’École des hautes études en sciences sociales, anthropologue et spécialiste du Brésil rural, son intervention intitulée : « L’apport de l’exil intellectuel brésilien » a d’abord évoqué comment Celso Furtado avait réuni tout un ensemble de chercheuses et chercheurs autour de lui mais aussi des artistes, notamment après le coup d’État chilien en 1973. Afrânio Garcia a souligné qu’une partie de ces personnes étaient financées par le gouvernement brésilien et retournaient au Brésil mais aussi que la France a réussi à capter une partie des personnes qui refusaient d’aller en URSS ou bien aux États-Unis. Ensuite, Afrânio Garcia a brossé le contexte intellectuel de l’arrivée de Celso Furtado, à un moment où le développement était une notion clé dans la pensée économique de la fin des années 1960, une période où le néo-keynésianisme dominait et où l’économie devenait une discipline autonome et séparée de la faculté de droit.

Enfin, Glauber Sezerino, docteur en sociologie et spécialiste des échanges intellectuels entre le Brésil et la France, a été le discutant de cette session. Il a tout d’abord posé la question de la réception de l’œuvre de l’intellectuel brésilien en France. En effet, ses travaux n’étaient pas toujours traduits et les études françaises sur le développement étaient surtout rivées sur l’espace africain. De plus, Glauber Sezerino s’est demandé comment se faisait l’insertion d’un spécialiste étranger venu qui plus est d’un pays plus pauvre, et si la légitimité dans le milieu académique d’accueil était évidente. Les intervenants ont d’abord répondu, rappelant que parfois certains scientifiques changeaient de sujet d’études en arrivant dans un nouveau pays mais que cela pouvait aussi dépendre de l’âge où l’on entrait dans un pays. Ensuite, Álvaro Vasconcelos a posé la question de la langue et son rôle dans la production intellectuelle lorsque l’on est en situation d’exil mais aussi la question du sentiment national en rappelant qu’Eduardo Lourenço a avancé l’idée que les immigrés développaient une hyper-identité. Toutefois, Rosa Freire d’Aguiar a précisé que Celso Furtado a toujours voulu rester ce qu’il désignait lui-même comme un métèque soit un Brésilien en France.

Rapport de Christophe Araújo

Vues de la conférence Celso Furtado : un exil académique © Isabel de Barros

Cycle de conférences Parcours d’intellectuels en exil : un humanisme sans frontières à l’initiative d’Álvaro Vasconcelos est organisé par la Fondation Calouste Gulbenkian – Délégation en France et la Fondation Maison des sciences de l’homme (FMSH).

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